samedi 20 octobre 2012

Progrès ?


Les moissons finies, il est d'usage, depuis toujours, de récolter la paille.
D'énormes machines, dans un bruit assourdissant, avalent les champs à toute allure, dans des nuages de poussière, dans des cliquetis de ferraille et d'engrenages, puis les recrachent, ou les pondent, insectes monstrueux aux antennes clignotantes, en ballots symétriques, oeufs gigantesques, carrés, ficelés, largués à intervalles réguliers le long des sillons épuisés.
 
Sur la botteuse-lieuse, on peut lire l'affichette " AVENIR ".
 
On peut regretter le temps des moissons ancestrales, quand la charette, tirée par un ou deux grands  forts chevaux, maniés à la voix de leur maître, ramenait au soleil couchant les gerbes dorées, et par dessus, nonchalament assises, les filles décoiffées, fatiguées et en sueur, portant leurs fourches en bois. Les gars hâlés par le travail, musclés et fiers, entonnaient en suivant des chants aux accents de rude patois.
Et nulle affichette collée sur les ridelles, portant le mot " PASSE " !
 
Autre temps, autres moeurs. Il faut bien vivre, mais le progrès ne reste-t-il pas une illusion ? Certes, la technique permet de meilleurs rendements, on accomplit en un jour le travail d'une semaine, on va plus vite, plus loin, plus haut... Mais le partage ? Mais l'âme ?  Mais la grandeur de l'homme, maintenant asservi par ce progrès qu'il ne maîtrise plus ? Il règne maintenant un parfum de Babel dans ces champs exploités à outrance, là où la terre fleurait bon la chaleur de l'été et la douceur des jours.

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